Les tunnels de Cu Chi – Survivre sous terre
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Devenus symboles de la résistance vietnamienne face aux oppresseurs, les tunnels de Cu Chi, dans la banlieue d’Ho Chi Minh-ville (anciennement Saigon), font partie désormais non seulement de la mémoire d’un Pays et d’un peuple, mais aussi de ce qu’on appelle le tourisme mémoriel, pour que chaque visiteur puisse dire : « Plus jamais ça ! »
Les tunnels de Cu Chi – Aux origines
Nous sommes dans les années 1946-48, en pleine guerre d’Indochine. A quelques 70 kilomètres au nord-ouest de Sai Gon, des bras et des mains s’affairent sous terre. Avec de simples outils agricoles, plutôt rudimentaires, on commence à creuser, à déblayer, à évacuer les gravats d’une terre ressemblant à de la latérite, à la fois souple à excaver et résistante. Aussi résistante que la volonté d’un peuple qui refuse viscéralement l’autorité coloniale française. Ce travail de fourmis titanesque et opiniâtre durera 25 ans (!)
L’idée première était de favoriser des communications discrètes entre les villages, tout en permettant l’acheminement d’armes au nez et à la barbe de la soldatesque française. La première version si l’on peut dire, est assez simple. A peine une vingtaine de kilomètres, quelques abris pour les soldats, des planques pour les documents sensibles. Pres de 20 ans plus tard, au conflit suivant, autrement dit pendant la guerre de résistance contre les Américains, ce seront 250 km qui se dérouleront sous terre, se déployant jusqu’à la frontière cambodgienne et sur 3 niveaux !
Cu Chi, ou la résistance underground
Il n’a pas toujours été facile de cacher l’existence de ces tunnels et toute l’activité qui se passait à l’intérieur.
En arrivant sur le site de Cu Chi, le visiteur est frappé par les trésors d’ingéniosité déployés pour camoufler le plus efficacement possible une ville souterraine qui atteindra au plus fort du conflit jusqu’à 16 000 personnes.
Les entrées, tout d’abord. Minuscules, très discrètes, tirant parti d’un environnement de jungle, elles se fondent parmi les feuilles, tels des terriers. Certaines maisons dans les villages alentours avaient aussi des accès cachés aux tunnels.
Qui dit vie sous terre, dit fumées de cuisinière et de fabrique d’armes… Elles seront évacuées loin du point de production, via de longs évents. Les bouches de ventilation, quant à elles, étaient souvent déguisées en termitières ou camouflées comme les entrées.
L’ingéniosité vietnamienne
Bien que très discrets, il était néanmoins indispensable d’éloigner le plus possible toute présence ennemie du site. Les Américains se doutaient de quelque chose. Alors ils ont employé des chiens. Qu’à cela ne tienne ! Les résistants vietnamiens ont utilisé le poivre et subtilisé après-rasage, savon et autres effets personnels américains pour tromper l’odorat des chiens… Comment mettre l’ennemi sur une fausse piste ? En utilisant, à l’envers, les sandales de récupération (faites à base de pneu). Ainsi, un observateur aurait pensé que l’ennemi marchait dans une certaine direction, alors que c’était exactement l’opposée…
Et enfin, les alentours étaient truffes de pièges à la redoutable efficacité. Ce qui est aujourd’hui une attraction (mais aussi une fierté, suivant de quel côté on se positionne) a été un moyen de survie ingénieusement mortel.
Et en imaginant le pire du pire, un Américain ayant réussi à pénétrer dans un des tunnels (il y en a eu : on les surnommait les « tunnels rats »), il ne serait pas allé bien loin : les passages sont très étroits, ne permettant qu’à une seule personne de gabarit… asiatique, de se faufiler dedans. Sans parler des phobies qui ne tardent pas à se rappeler aux bons souvenirs dudit rat des tunnels…
L’organisation des tunnels de Cu Chi
Si la zone touristique actuelle a été aménagée pour des gabarits occidentaux, il faut imaginer cette vie à l’étroit, zigzaguant entre 3 et 12 mètres sous terre, s’enfonçant là vers un hôpital, là vers les quartiers d’habitation ou encore ici, dans le théâtre où étaient projetés des films de propagande et où des artistes se produisaient pour maintenir le moral des Viêt-Cong.
Il faut imaginer des mois dans un confinement à l’air aussi rare que la nourriture, où insectes et serpents s’invitaient volontiers et où le paludisme a été la deuxième cause de mortalité après les blessures de guerre pour ces résistants souterrains.
Les tunnels de Cu Chi entre devoir de mémoire et attraction touristique
Les tunnels de Cu Chi figurent sur la liste des meilleures attractions souterraines au monde par CNN. Classé vestige national spécial, ce réseau est préservé dans deux secteurs : Ben Duoc et Ben Dinh. Il accueille chaque année vers vingt millions de visiteurs de différentes nationalités. La visite prend approximativement une demi-journée, voire même une journée complète, pour explorer ses nombreux coins surprenants.
Visiter les tunnels de Cu Chi
Le meilleur moment pour visiter le réseau souterrain de Cu Chi
On choisira de préférence la saison sèche, c’est-à-dire d’octobre à avril. Pendant la saison des pluies (de mai à novembre), si les tunnels résistent aux inondations, ils peuvent être plus boueux que d’habitude et aussi bien plus humides.
On choisira d’y être le plus tôt possible, c’est-à-dire dès l’ouverture, vers 7-8h, afin d’éviter les grosses chaleurs et les cars de touristes qui débarquent vers 10h.
Les tunnels sont ouverts de 8 heures à 17 heures, tous les jours de la semaine, y compris les jours ferries.
Comment se rendre aux tunnels de Cu Chi
En bus
Pour Ben Duoc : au départ de la gare de Ben Thanh, prenez le bus 13 Ben Thanh – Cu Chi puis le bus 79 Cu Chi – Dau Tieng. Une pancarte vous demandera de terminer votre voyage à pied. Pour Ben Dinh, au départ de la gare de la gare de Ben Thanh, prenez le bus 13 Ben Thanh – An Suong puis le bus 122 An Suong – Tan Quy, enfin le bus 70 Tan Quy – Ben Dinh.
C’est le moyen le moins cher, mais aussi le plus chronophage (4 heures aller/retour).
En voiture privée partagée ou non, en taxi
Parfait pour les familles ou les petits groupes (qui partageront les frais). Comptez 1h30 de trajet.
Les tunnels de Ben Duoc
Outre les tunnels, vous y trouverez un snack/buvette, une boutique de souvenirs de guerre (si vous aimez le kitsch…). La visite commence par la projection d’un film d’une quinzaine de minutes avec des images d’archives intéressantes.
Les tunnels de Ben Dinh
C’est le secteur le plus visité, avec sa section rénovée. Il est situé près du village de Ben Dinh, à 50 km de Ho Chi Minh-ville.
Ici, vous êtes accueilli par une carte explicative du système de tunnels de Cu Chi. La section du tunnel ouverte au public se trouve à quelques centaines de mètres au sud du centre d’accueil. Elle serpente sur 50 m à travers diverses salles. Les tunnels, non éclairés, mesurent environ 1,20 m de hauteur sur 0,80 m de largeur. Un tank M41 endommagé et cratère de bombe avoisinent la sortie, dans un bosquet d’eucalyptus.
Sur les deux sites, la visite permet une immersion dans les conditions de vie sous terre, de découvrir l’ingéniosité des pièges et de gouter au manioc bouilli servi avec du sel de tofu grillé – la spécialité de Chu Chi. Le manioc est préparé sur un foyer dit foyer Hoang Cau, qui ne dégage pas de fumée pour éviter de se faire remarquer par l’ennemi.
Les deux sites étant quasi identiques, il n’est pas nécessaire de les visiter les deux. Sachez simplement que Ben Duoc a l’avantage de proposer des tunnels reconstitués et élargis de façon à laisser passer des visiteurs au gabarit occidental. Et peut-être d’être plus accessibles aux personnes claustrophobes. Ben Dinh est plus authentique, mais moins aménagé, avec des tunnels plus étroits.
On notera qu’on peut également visiter les tunnels de Vinh Moc dans la zone démilitarisée dans les environs de Hue.
Profitez de notre circuit pour les découvrir > https://songvoyages.com/delices-du-vietnam-21-jours/